
Dans nos yourtes, une famille bien sympathique s'est installée pour la semaine. Ce mardi, ils ont eu envie de partir en
balade avec l'âne Maurice, sur le Sentier de la Colline.
Avant de partir, ils m'ont demandé de leur préparer un de nos paniers locavores, histoire de profiter pleinement des produits « made in
Limousin ». Au menu, une terrine, un jus de pomme, un gâteau aux noisettes et aussi, l'ingrédient le plus local de tous : le fromage de la Colline. Pour la petite histoire, je leur ai montré sur
la carte où se trouvait la ferme d'Angela, sa productrice. Car le sentier de randonnée passe juste devant.
À leur retour, fatigués mais heureux, ils ont ramené Maurice dans son pré. Ils m'ont raconté combien leur journée leur avait plu et combien ils s'étaient régalés avec les bons produits de leur pique-nique. Un seul regret pourtant : il n'y avait personne à la ferme d'Angela. L'accueil pour la vente n'ouvrait qu'à 17h. Ils auraient pourtant bien acheté un morceau de fromage pour le ramener à la maison.

Qu'à cela ne tienne. Il fallait justement que je monte à la ferme ce soir-là pour en acheter. Rendez-vous a été pris pour y aller ensemble à 18h.
Quand nous nous sommes retrouvés, certains avaient déclaré forfait et préféré rester dans la yourte. Avec les plus courageux, nous sommes partis en petit convoi sur la route qui monte à Ladrat. On s'est garés tout en haut du hameau, puis nous sommes allés toquer à la porte de la ferme. On a attendu un moment. Je n'étais pas sûr qu'Angela ou Paul avaient entendu. J'ai donc emmené tout mon petit monde avec moi vers la stabulation. Car 18h, c'est l'heure de la traite. Un spectacle vraiment pittoresque et qui vaut le coup d'oeil. Les vaches, justement revenaient toutes seules des champs, sur un rythme lent. Leurs beaux yeux étaient grands ouverts, pleins d'étonnement en nous voyant là, sur leur chemin. Derrière elles, pour les pousser, la vachère Angela avançait en lançant un petit cri de temps en temps. Chacune est allée prendre sa place dans l'étable, calmement.
« Salut ! J'arrive » nous a crié leur propriétaire. En l'attendant, nous avons été regarder les veaux tout mignons. Ils étaient dans des enclos à part. Certains se laissaient toucher. D'autres faisaient les farouches.

Enfin, Paul est arrivé derrière nous. C'est qu'il avait entendu frapper à la porte et cherchait où étaient passés ses clients. Il nous a remmenés à la boutique.
J'ai récupéré ma commande et me suis mis en retrait pour laisser discuter le fermier avec mes hôtes. Fallait-il prendre du fromage à l'ortie, aux épices ou, comme moi, au fenugrec ? Sérieuse question. Après avoir fait leur choix et rempli leurs sacs, ils ont continué à discuter de choses et d'autres. C'est que Paul, comme tout le monde ici, aime parler. On s'est attardés longuement, longuement, jusqu'à ce qu'une voix venue de l'étable coupe court à nos palabres.
« Je vous laisse, la patronne m'appelle ! » nous a-t-il dit en partant.
De retour à la ferme, nous nous sommes souhaités, mes hôtes et moi, une bonne soirée. Leur fromage est parti directement dans les frigos de la yourte cuisine. Quant à moi, il me restait encore un peu de travail. Ce morceau que je tenais à la main attendait d'être râpé sur un plat de légumes de l'été, assaisonnés d'herbes et relevés d'un peu d'ail, de poivre, d'oignons. Plat qui allait finir lui-même glissé au four pour y gratiner doucement. Une demi-heure plus tard, la cuisine embaumait, signe qu'on allait bientôt pouvoir manger. J'ai sorti le gratin. Il avait pris une jolie teinte dorée et crépitait joyeusement. Il n'y avait plus qu'à l'amener à table et à se régaler.